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Antoine Guedeney. Favoriser le dépistage et la continuité entre soins pré et postnataux en maternité

Wébinaire Pr Antoine Guedeney L’entretien prénatal précoce, quels sont ses objectifs ?
Qu’est-ce qui est important en anténatal pour les professionnels ? Le plus tôt possible, et pas au 4° mois, au 2° mois, le plus tôt possible, dés qu’une femme va dans une maternité, on devait lui donner un rendez-vous pour se mettre tranquillement dans un endroit pour causer. Qu’est-ce qui est important de savoir ? :
  • Y a-t-il une détresse psychosociale ?
  • Est-ce qu’il y a une dépression ?
  • Est-ce qu’il y a une addiction (il y a un questionnaire très précis à ce sujet) ?
  • Est-ce qu’il y a de la violence dans le couple ?
  • Est-ce que vous êtes toujours sous le coup d’un traumatisme ?

Tous ces éléments ont un impact physique sur la grossesse. Les sage-femmes savent que la santé mentale des mères et des pères, ça fait partie de leur métier. Actuellement les entretiens sont faits par des sage-femmes qui n’ont pas le temps de les faire et qui les délèguent à des psychologues, ce qui est la dernière façon de faire : quand vous êtes enceinte, la dernière chose dont vous avez envie, c’est qu’on vous envoie voir un psychologue ; alors que c’est aux professionnels qui s’occupent de votre corps que vous avez envie de parler.
Il y a dix ans, une psychologue canadienne qui travaillait en maternité s’est intéressée à la question de l’angoisse maternelle. Elle a recensé les grilles d’évaluation et conduit une recherche. Ses résultats sont qu’au premier trimestre de la grossesse, les femmes ont surtout peur de perdre leur enfant. Le deuxième type d’angoisse est : est-ce que je vais supporter les modifications de mon corps ? Et plus on se rapproche de l’accouchement : est-ce que je vais supporter, est-ce que je vais perdre le contrôle de mon accouchement, est-ce que je ne vais pas devenir dingue ?
Ce qui est intéressant c’est que c’est venu de la clinique, pas de théories.
Dans ces angoisses il y en a une seule qui est prédictive de dépression post-partum, c’est l’angoisse de modification corporelle. On voit l’importance de pouvoir en parler avec l’obstétricienne, avec le médecin accoucheur, l’infirmière ou la sage-femme, et pas forcément un psychologue.
Les psychologues, psychiatres, c’est important, mais uniquement quand vous avez un trouble mental avéré, une addiction… mais il faut que les professionnels de santé ne disparaissent pas à ce moment-là, restent auprès de la femme sans dire : ces problèmes-là je ne m’en occupe pas. Les maternités le font de plus en plus, avec le Groupe d'Etudes Grossesse et Addictions. (G.E.G.A. www.asso-gega.org ), le Réseau de Périnatalité Occitanie, le réseau périnatal lillois, le réseau ELENA…
Si vous avez un problème d’addiction et que personne ne vient vous voir pour en parler, vous restez tout seul avec l’angoisse de ne pas l’avoir dit, qu’est-ce qui va se passer, quelles vont être les conséquences. Donc c’est très important d’aller poser la question, dans le cadre d’une relation -on ne fait pas ça dans des couloirs- et puis de suivre.
Après l’accouchement, on ne laisse pas sortir une femme de la maternité sans avoir vérifié qu’elle n’est pas suicidaire ; ce n’est pas si facile à voir que ça, mais l’utilisation des outils validés aide.
En post partum, deux choses sont importantes : la dépression du post partum (qui peut exister d’emblée ou apparaître deux mois plus tard) et : est-ce que le lien avec le bébé se fait.
Il y a deux choses absolument terribles quand vous venez d’accoucher, c’est que le bébé vous apparaisse comme le bébé de n’importe qui – c’est atroce ! – et ça vous ne pouvez le dire à personne ou votre mère, votre compagnon… Mais si c’est un professionnel qui sait que ça existe et qui vous pose la question, là vous pouvez lui répondre. On va pouvoir s’en occuper, « ça n’arrive pas qu’aux autres » …
Donc l’objectif de l’entretien post natal c’est la dépression maternelle et le lien au bébé, sans chercher tout de suite les effets de la dépression sur l’enfant : le plus souvent il n’y en a pas, grâce à ce dépistage et cette intervention précoce. Ainsi on évite les situations de suicide et d’impact grave sur la relation quand les gens sont laissés seuls.
C’est pour cela que c’est si important. Mais quand on trouve une dépression post partum, il faut savoir ce qu’on fait quand on découvre que quelqu’un va très mal, il vaut mieux avoir son réseau d’aval.


Pour en savoir plus, voir le site web : www.cairn.info/l-evaluation-en-clinique-du-jeune-enfant--9782100793310-page-1.htm

Date de cet article : 2023-07-10


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