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Delphine Serre. Le signalement d’enfant en danger comme pratique professionnelle

Dans cette conférence, Delphine Serre présente une recherche très instructive sur le rapport des assistantes sociales aux signalements : le risques qu'il y a à signaler mais aussi à ne pas le faire, la tension entre respect du secret professionnel, des droits des parents et la nécessité de protèger les enfants.
Elle décrit bien "l'incertitude diagnostique", qui peut être liée au manque d'information, aux effets des problèmes repérés, sur fond de questions sur la légitimité des critères d'évaluation.
Donc deux incertitudes : sur ce qu'est le danger, et sur l'action à mener.
Le signalement est pensé comme un acte cognitif : maîtrise des critères, maîtrise des procédures... mais l'appropriation de ces outils dépend aussi de l'histoire des intervenants sociaux. Deux dimensions sont centrales : le signalement est un recours à une instance extérieure ; il est aussi une pratique d'écriture qui n'a rien d'évident.
Le recours à une instance extérieure suppose que l'on croie que le juge va pouvoir faire quelque chose. Delphine Serre observe que certains travailleurs sociaux ne signalent pas quand ils anticipent une inefficacité de l'intervention judiciaire, en s'appuyant sur une sorte de "jurisprudence locale", liée à l'évolution de situations antérieure. Delphine Serre observe que ces situations concernent deux types de publics, des populations "quart-monde", marginalisées, fuyantes, et à l'autre extrémité du spectre social, des familles bourgeoises qui vont argumenter, faire appel, trouver des suivis psy...
A partir de divergences entre professionnelles sur l'articulation entre le travail social et la justice, Delphine Serre repère des différences générationnelles très éclairantes.
Le signalement est une pratique d'écriture, il fait en moyenne six pages et il engage un fort investissement, avec des règles d'écriture particulières. Il nécessite des compétences particulières et il engage face aux autres professionnels. Il est exposé à quatre regards successifs, de la responsable du service, de la CRIP, du procureur, du juge des enfants...
C'est une telle épreuve que certaines professionnelles ne signalent pas dans certaines situations où l'effort paraît disproportionné.
Ce n'est donc pas qu'un acte cognitif et l'écrit demande des arts de faire, avec des ressources bien décrites.
Enfin, Delphine Serre a observé que les signalements sont une activité mesurable, dont il est facile de rendre compte, ce qui n'est pas le cas du coeur de métier, les temps de rencontre, d'accompagnement. Il en ressort des questions essentielles sur les pratiques pour les professions concernées.

Pour en savoir plus, voir le site web : www.cairn.info/revue-deviance-et-societe-2010-2-page-149.htm

Date de cet article : 2024-03-25


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