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Le placement familial de la pratique à la théorie. L'approche de Myriam David.

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L'ouvrage de Myriam David "Le placement familial ; de la pratique à la théorie" (éditions ESF 1989) est considéré par la plupart des praticiens du placement familial comme une "bible". Ce livre de référence est aussi un livre indispensable pour toutes les problématiques de placement, donc pour les éducateurs qui travaillent en Maisons d’enfants, mais aussi en AEMO.

Les analyses de Myriam David sont remarquablement présentées , avec des synthèses dans de petits encadrés et un sommaire qui en fait aussi un dictionnaire.

Les résumés encadrés forment un hypertexte donnant les points essentiels, le cœur de ses explications. Quelques exemples (p 11) :

C’est le propre du placement familial de faire de cet enfant un enfant partagé, divisé, qui lutte compulsivement pour et contre son appartenance tantôt à l’une, tantôt à l’autre de ses deux familles.

Ce livre pointe la nécessité d’une évaluation globale, que l’urgence peut interdire. Autre exemple d’encadré à ce sujet (p73) :

La coexistence et l’intrication de problèmes multiple ; matériels, sociaux, familiaux et relationnels, constituent un ensemble prêtant le flanc à ce que ces divers éléments constitutifs deviennent à tour de rôle la circonstance qui déclenche activement le placement.

Ce livre permet de comprendre pourquoi tant de placements se font dans l’urgence et se terminent dans l’urgence. Un exemple des causes présentées : « La coexistence de souffrance et d’attachement chez l’enfant et ses parents trouble les intervenants au point de les entrainer à ignorer l’un des deux, et de ce fait, ils sont poussés à placer l’enfant rapidement sans préparation, soit à le maintenir au foyer de ses parents en dépit de ses manifestations de souffrance, jusqu’à ce qu’une crise dangereuse impose un placement en urgence (p109).

L’analyse des obstacles à la préparation des placements est donc un chapitre fondamental.

 

Une idée forte est l’explication des placements par une fragilité des liens. Myriam David pense que la cause profond de tout placement est « une intolérance mutuelle parent-enfant », intolérance parfois manifeste, mais plus souvent occulte ou latente. « Trois modalités d’expression donc

  • intolérance mutuelle manifeste
  • intolérance occulte manifestée par un passage à l’acte de violence
  • intolérance révélée par la souffrance visible de l’enfant non prise en compte par les parents mais décelée par l’entourage médico-social. » (p76)

Myriam David montre la difficulté de s’identifier à la fois aux enfants et à leurs parents  (p 288) :

 Un long travail intérieur est nécessaire pour se débarrasser de ce désir d’éliminer les parents, tolérer tant soit peu leurs défaillances à l’égard de l’enfant, accepter leur existence et leurs droits, leur laisser leur place, trouver la sienne. Alors seulement peut-on arriver à se situer auprès d’eux et de leur enfant, à trouver sa propre sécurité et plénitude dans une fonction d’accueil qui soit autre qu’une fonction parentale. 

 

Le début du livre contient un double historique du placement familial, du 16° au 19° siècle, puis fin 19° et 20° siècle. Cet historique permet de se rappeler que les placements ont paru une époque la meilleure de solutions (sanitaire, morale, sociale) et que les placements ont proliféré à la fin des années 50, début des années 60, avec 800.000 enfants placés pour la seule Aide sociale à l’enfance ! Il faudra les travaux de John Bowlby, Mary Ainsworth,  Jenny Aubry et…Myriam David pour qu’ils soient remis en cause comme solution universelle.

Date de cet article : 2008-04-19


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