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Le tamaris à Bruxelle ; la clinique des adolescents difficiles

Le tamaris nous intéresse particulièrement car non seulement l'équipe a décidé d'instaurer la règle du non renvoi , "ce qui évite le chantage sur la base des symptômes présentés" et parce qu'elle a créé en quelques années des concepts novateurs et très éclairants, à partir de l'approche systémique. Notamment le concept de fermeture à la relation d'aide part du constat d'un point commun à ces jeunes renvoyés de partout (de leur famille, des lieux successifs qui les ont accueillis, des écoles..): la mise en échec des intervenants. Le prix de ce refus d'être aidé, c'est le renvoi ou l'orientation.
"Les adolescents sans demande sont, par définition, ceux-là qui pensent qu'aucune réponse valable ne peut leur être apportée par le monde des adultes. Cette perte de confiance dans les modèles éducatifs que nous représentons s'étaye sur une perte bien antérieure : celle de la croyance en un parent bon, nourricier et narcissisant."
Ce fonctionnement, qui se construit sur plusieurs années, est renforcé à l'adolescence. "D'une façon générale, qu'on soit carencé ou non, la demande d'aide est chose difficile à vivre. Elle l'est encore plus pour un adolescent, simplement parce qu'elle est antagoniste du besoin impérieux de prouver sa force et sa capacité d'autonomie.
Sur cette base, une pédagogie du contrat est vouée à l'échec, car elle suppose une perception de l'altérité, une capacité à donner et recevoir qui sont soit empêchées, soit n'ont jamais été constituées...
Pour travailler avec des "familles chaotiques, violentes, déprimées ou carencées", un groupe de trois intervenants est constitué (qui fait penser au pôle référentiel pensé par le placement familial Croix-rouge de Montgeron dans l'Essonne) : " chaque situation est encadrée par trois personnes qui ne changent pas, ce sont : l'éducateur référent, la psychologue et le directeur. L'idée centrale est d'offrir au système familial une variété d'intervenants et de fonctions symboliques, qui lui permette de rester en bonne relation avec l'un des sommets du triangle lorsqu'il est en difficulté avec un autre."
Ce dispositif permet à la fois de favoriser la création d'un lien positif et l'accueil des inévitables transferts négatifs.
Par ailleurs, à l'annonce du non renvoi, qui pourrait ouvrir un lien inconditionnel ouvrant une rivalité avec la famille, il y a l'établissement d'un travail familial qui vise à restaurer les relations. Cette optique pose le postulat d'une non-substitution des parents. C'est la qualité réparatrice de la relation parent-enfant, qui constitue l'objectif principal du travail.

Roland Coenen pointe que ce dispositif peut fonctionner à deux conditions :

  • La première condition de travail avec des adolescents perturbés présentant un syndrome de fermeture est d'avoir une réflexion active, qui sans cesse remet les pratiques en question, qui permette de passer le cap des symptômes du court terme. Globalement, dès que le travail familial donne ses premiers résultats, les symptômes tendent à diminuer. Ce qui revient à dire qu'il faut, en général, se donner les moyens de tenir le coup pendant quelques mois, malgré l'ampleur souvent éprouvante des tests relationnels.
  • La seconde condition est de ne jamais mentir sur ses sentiments. Dire « je t'aime bien » sans vraiment le ressentir, constitue une prise de risque qui néglige les hautes capacités de traduction dont disposent ces adolescents souvent rejetés. Or, il est compliqué d'aimer spontanément quelqu'un qu'on n'a pas choisi. Ce point rend le travail d'intervision fondamental".
Voir le lien ci-dessous. Je conseille particulièrement aux étudiants en travail social et aux professionnels "les aptitudes et capacités attendues de l'éducateur", pièce maîtresse de ce dispositif.

Pour en savoir plus, voir le site web : www.cairn.info/article.php?ID_ARTICLE=TF_012_0121

Date de cet article : 2010-04-04


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