philippefabry.eu, pour la formation en travail social Philippe Fabry » Formation » La formation d'éducateur spécialisé » Le projet pour l'enfant. Penser ses limites Le projet pour l'enfant. Penser ses limitesL’évolution du PPE entre les lois de 2007 et 2016 est présentée dans un autre article sur ce site. Je propose ici de réfléchir aux obstacles à sa mise en œuvre. Abordons tout d’abord le contexte.
De même le mot « famille » devient problématique avec la multiplication des recompositions familiales et le fait que de nombreux tiers partagent la vie des enfants (conjoints des parents, quasi-frères et sœurs). La loi demande à l’ASE de prendre en compte ces proches (6° mission de l’ASE), ce n’est pas le cas pour le juge des enfants… Les conflits et violences conjugales étant devenue une cause majeure de protection, la protection des enfants par deux juges, le juge des enfants et le juge des affaires familiales, est de plus en plus problématique. Le PPE a de multiples visées : respect de l’autorité parentale ; centration sur les besoins de l’enfant ; articulation entre les professionnels ; articulation entre ces professionnels et les parents ; participation de l’enfant ou du jeune ; constitution d’un historique de l’ensemble des interventions.... Robert Lafore souligne le changement de place de l’ASE dans la conception actuelle du PPE : « Voulant déplacer le centre de gravité du système institutionnel de la juridiction des mineurs vers l’ASE et le président du conseil départemental, il met en avant la volonté d’instaurer un traitement « social » des difficultés familiales en valorisant les politiques d’accompagnement et de prévention par rapport aux interventions judiciaires ; il entend aussi introduire le maximum de rationalité et de cohérence dans les interventions en poussant à une meilleure coordination entre les acteurs, cela sous l’autorité des services départementaux ; enfin, il réédite le choix déjà ancien d’une possible harmonisation des intérêts entre les enfants, les parents et les services ». Un obstacle apparaît d’emblée : chacun des objectifs demande du temps, des moyens, des rencontres, une importante organisation.
Quand des parents sont désengagés, ce qui est fréquent dans les placements de longue durée, l’outil PPE devient inopérant. En effet il est centré sur les besoins de l’enfant, mais pas sur ceux des parents. Et dans le système actuel, savoir qui soutient les parents d’un enfant placé n’est pas clair : le référent ASE (en a-t-il les moyens ?), le référent de proximité ? (avec quels outils ?). Le risque, dans l'utilisation du PPE, est qu'en se centrant sur les besoins de l'enfant à partir de son lieu d'accueil, on évacue ces questions essentielles : le placement est-il provisoire ? Y-a-t-il un projet de retour ?
A ce sujet, je conseille de lire, sur ce site, le texte sur la notion de projet de vie. Cette notion permet de distinguer les situations de placement où il y a un projet de vie dans la famille (alors le PPE est tout à fait adapté) et celles où il n'y a pas de projet de vie en famille (le PPE me parait alors inadapté). Pour en savoir plus, voir le site web : www.reforme-enfance.fr/documents/groupe_dappui_ppe.pdf Date de cet article : 2023-11-08 Philippe Fabry » Formation » La formation d'éducateur spécialisé » Le projet pour l'enfant. Penser ses limites |