Daniel calin a créé et coordonne un site de référence :
"Psychologie, éducation & enseignement spécialisé"
Ce site vous aidera à mieux connaitre l'enseignement spécialisé, aussi bien dans l'éducation nationale, que dans le médico-social ou en psychiatrie :
"Dans les établissements scolaires, il s’agit, dans le primaire, des RASED et des ULIS École. Dans l’enseignement secondaire, il s’agit des SEGPA et des ULIS Collège et Lycée. Les EREA-LEA sont les seuls établissements à la fois purement scolaires et purement spécialisés.
Hors du monde scolaire, il s’agit des multiples établissements dans lesquels des enseignants spécialisés assurent une scolarisation adaptée aux élèves handicapés qui y sont aussi éduqués et soignés conformément à leurs besoins par des personnels éducatifs et des personnels soignants.
Ce sont en particulier les IME et les ITEP. Des enseignants spécialisés exercent également dans certains services de soins : hôpitaux de jour, CMPP, divers services de soins à domicile, et même dans les hôpitaux généraux au chevet des enfants malades."
Le texte présenté ici et qui décrit les "enfants du chaos" est particulièrement intéressant pour les travailleurs sociaux qui sont confrontés aux mêmes problèmes.
Extrait: "(...) il me semble, par expériences réitérées, que ces enfants se spécifient aussi par la mise en échec ce que l’on pourrait appeler les pédagogies du rapport à la loi. Non pas qu’ils s’opposent frontalement à ces pratiques, au contraire, ils sont aisément et sincèrement d’accord avec le pédagogue attentionné qui leur explique la loi, ses justifications, ses procédures d’élaboration. Entièrement d’accord, même, d’une désarmante et sincère « bonne volonté », sauf que ces « bavardages », malgré eux, les ennuient majestueusement. Et sauf que, finalement, ils ne peuvent pas. Si l’on veut bien les observer de près, cette incapacité ne porte même pas sur l’obéissance à la loi, mais sur la capacité à se souvenir, au moment d’agir, de la loi elle-même, pas tant de ses justifications que tout simplement de son existence même. Leurs actes, irrépressiblement, précèdent leur pensée et barrent leur conscience : loin d’être comportementale, leur difficulté est centralement émotionnelle, et émotionnelle « en profondeur », au-delà de tout contrôle conscient possible, donc hors de la zone de ce que Bettelheim nommait « l’éducation rationnelle ».
Ainsi, un des comportements les plus déroutants de ces enfants consiste à nier être les auteurs de ce que nous venons de les voir faire sous nos yeux, donner un coup de poing, faire un croc-en-jambe, jeter un objet, etc.. Ils donnent l’impression, pour rester poli, de se moquer ouvertement de nous, et déclenchent conséquemment en nous un intense désir de les violenter pour une si évidente mauvaise foi. Or il me semble qu’à y regarder de plus près, dans un certain nombre de cas au moins, il faut bien faire l’hypothèse que, réellement, ils ne se perçoivent pas comme les auteurs des actes qu’on leur vient de les voir commettre. Quand on parvient à discuter à peu près calmement avec eux, on obtient des formulations déroutantes du type : « un coup de poing est (peut-être) parti » (mais qui l’a fait partir ? mystère et boule de gomme !), un objet est (peut-être) tombé, quelque chose s’est (peut-être) passé, etc.. On pense forcément à la psychose – et l’on observe de fait aussi de tels comportements chez certains psychotiques. À une nuance près : chez de « vrais » psychotiques, même sans avoir le diagnostic ou sans s’y intéresser, on n’est pas « surpris ».
Intuitivement ou intellectuellement, on perçoit chez ces enfants une certaine forme de « logique ». Par contrecoup, leurs conduites ne déclenchent en nous aucune vague de violence. Cette différence de nos réactions d’observateurs ou d’éducateurs est même un critère assez efficace de diagnostic différentiel : quand on a envie de violenter l’enfant qui a de tels comportements, c’est qu’il n’est pas psychotique !"