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Le projet ELAP: l'accès à l'autonomie des jeunes en protection de l'enfance

L'enquête ELAP est un projet de grande ampleur, associant l'Institut National des études démographiques (INED), l'Office National de la protection de l'enfance (ONPE) et des associations (ANMECS, Oeuvre Grancher). D'un point de ve éthique le grand intérêt de cette recherche est aussi de donner la parole aux jeunes eux-mêmes. Dans l'émission de radio (le trottoir d'à-côté) ci-dessous (après une vidéo de présentation du projet ELAP) Isabelle Fréchon et Pascale Breugnot résument remarquablement les premiers résultats de cette enquète.

"Parce qu’ils vivaient dans des conditions matérielles très difficiles, qu’ils ont été victimes de violences familiales ou que leur(s) parent(s) ne sont pas en mesure d’assurer leur éducation, 138 000 enfants ou adolescents font l’objet d’une mesure de placement par la protection de l’enfance (Oned, 2015), soit 1,6 % des mineurs.
Ce placement fait suite à une décision du juge des enfants ou de l’aide sociale à l’enfance (ASE) au titre de l’enfance en danger. Au fil des âges, cette proportion augmente continuellement passant de 0,25% durant la première année de vie à plus de 2% à 17 ans3.
Pour certains enfants, le placement est de courte durée, le temps de résoudre des difficultés familiales ; pour d’autres, il peut se prolonger jusqu’à la majorité, voire se poursuivre jusqu’au 21ème anniversaire, sous la forme d’un contrat jeune majeur. Celui-ci concerne en moyenne, à chaque âge, 0,8% des jeunes, soit 18 000 jeunes majeurs de 18 à 21 ans.
Selon une étude sur une cohorte d’enfants placés ayant atteint 21 ans en 2007- 2008, les trois quarts étaient encore placés à l’âge de 17 ans. Les motifs de prise en charge étaient multiples et non exclusifs : 74% avaient été placés pour des motifs relevant de la situation familiale (conflit familial ou conjugal, conditions d’éducation défaillantes...), 41% pour des « problèmes de comportement » (grande déscolarisation, délinquance...), 23% pour des motifs scolaires et 45% avaient subi des mauvais traitements (Frechon, Robette, 2013).
A la majorité, le contrat jeune majeur est conditionné à trois critères : « faire valoir des défaillances familiales, faire preuve d’une volonté manifeste de s’insérer et de quitter le champ de l’assistance et être en relation avec les travailleurs sociaux » (Guimard, Petit-Gats,2010).
A 18 ans certains vont ainsi devoir être suffisamment armés pour voler de leurs propres ailes, d’autres vont retourner chez leurs parents ou être soutenus par d’autres formes d’aides.

Les différentes étapes du passage à l’âge adulte se sont largement complexifiées ces dernières décennies et cette période requiert généralement le soutien matériel et financier des parents.
En effet, les droits sociaux sont plus limités pour les moins de 25 ans, avec notamment l’attribution des minima sociaux assujettie à des charges familiales.
Sur fond de crise, avec un taux de chômage des moins de 25 ans qui atteint 24%, le diplôme reste l’atout majeur pour s’insérer socialement. Ayant pris conscience ces dernières années de la carence des aides de droits commun pour les jeunes les plus vulnérables, le gouvernement a mis en place récemment la Garantie Jeune pour les 16-25 ans les plus vulnérables.
Mais cette forme de revenu minimum repose sur les mêmes conditions d’attributions que les contrats jeunes majeurs, à savoir le volontarisme des jeunes d’entrer dans une démarche active d’insertion professionnelle.

Ainsi qu’il s’agisse d’une aide qui relève de la protection de l’enfance ou des aides spécifiques aux jeunes vulnérables, les jeunes placés sont enjoints de se conformer dans des parcours d’insertion courts quitte à brûler les étapes chères à leur placement futur dans la société (Van de Velde, 2008)
Quels sont alors leur niveau de formation, leurs ressources familiales ? Comment sont-ils préparés à la sortie du placement et s’y préparent-ils eux-mêmes? En interrogeant directement les jeunes placés par 7 départements (encadré), la première vague d’enquête ELAP réalisée en 2013-2014 nous apporte des informations inédites sur leurs conditions de vie, leur entourage et la façon dont ils envisagent l’accès à l’autonomie."

Pour en savoir plus, voir le site web : www.ined.fr/fichier/s_rubrique/25515/document_travail_2016_227_sortie.de.placement_autonomie.des.jeunes.place.s.fr.pdf

Date de cet article : 2017-04-18


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