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Ados en exil

Le titre complet de cette étude belge (et plus précisément wallonne) est :
«Adolescences en Exil», du discours des ados aux pratiques des adultes. De l’identité individuelle aux mouvements de métissage, une expérience de partage entre professionnels.
La démarche, qui a durée une année, a consisté à tout d'abord recueillir la parole des adolescents en exil. Cette démarche ethnographique a été effectuée par Pascale Jamoulle et Jacinthe Mazzocchetti. "Les constats qu’elles en ont tirés, particulièrement interpelants pour tous les acteurs bruxellois, les ont poussées à mobiliser des professionnels de l’adolescence en exil autour de leurs pratiques.
"Les adultes qui se sont rencontrés,à l’initiative de ChanGement pour l’égalité (CGé) et de la Ligue Bruxelloise Francophone de Santé Mentale (LBFSM), pour échanger sur leurs pratiques venaient d’horizons différents avec,tous, le même souci de témoigner de leurs pratiques, questions et impasses par rapport à ces jeunes qui vivent l’exclusion sous une forme ou sous une autre."
La constitution d'un capital commun aux différents participants a consisté "à partir de quelques situations concrètes insatisfaisantes, pour en dégager des thèmes transversaux. Ensuite , nous avons élaboré une grille d’analyse des tensions qui traversent les pratiques des travailleurs sociaux.

Le schéma des tensions, ci-dessous, s'inspire des travaux d'Edgar Morin sur la dialogique : "«Le principe que j’appelle dialogique consiste à unir des instances qui sont à la fois complémentaires et antagonistes».
Pour bien comprendre ce concept, j'invite à lire le 5° chapitre de l'étude : "Un regard sur les pratiques : les tensions."

  • 5.1 Le concept de tension.
  • 5.2 Le pôle éthique : entre la parole qui libère et le silence qui protège.
  • 5.3 Les émotions : être en lien ou prendre du recul.
  • 5.4 Posture : entre accueil et cadre.
  • 5.5 Perspective : Sécurité ou émancipation.
  • 5.6 Temps formel ou informel.
  • 5.7 Les tensions au travail : le métissage.

Extrait : "Les émotions : être en lien ou prendre du recul.
Pointer cette tension peut sembler une évidence tant passer d’un de ses pôles à l’autre est le quotidien du travailleur social. Pouvoir être en lien avec le jeune, accueillir ses émotions et les siennes propres, les décoder et prendre du recul pour pouvoir réfléchir et agir hors de l’émotionnel, c’est un fondement du métier.
Pourtant, il nous a paru important de nous y arrêter un moment, car ce qui va sans dire va souvent encore mieux en le disant.
Le processus même des réunions du groupe « Ados en exil » nous a amenés dans la réflexion et la prise de recul. Le travail en lui-même, l’analyse de cas, le partage d’expériences sont le signe de cette capacité de recul indispensable. Certains témoignages, particulièrement dans le travail en sous-groupes autour des analyses de cas, ont montré que les émotions, elles aussi, étaient présentes, et qu’il n’était pas facile de prendre du recul par rapport à ses émotions."

Pour les professionnels, ce schéma renvoie à l'image d'un balancier, une recherche d'équilibre permanent entre des nécessités antagonistes.

Ce rapport montre la richesse de la collaboration entre chercheurs et professionnels ; derrière il y a des outils, des organisations, des budgets, du temps libéré. Cet investissement produit une grande richesse ; cela donne l'envie d'une extension de ce type de dispositif.

Pour en savoir plus, voir le site web : www.changement-egalite.be/Ados-en-Exil-2012

Date de cet article : 2017-05-11