Mineurs Isolés étrangers (MIE), Mineurs non accompagnés (MNA), Mineurs étrangers Non Accompagnés (MENA) ?
Le rapport de l'ONPE (en février 2017)
Mineurs non accompagnés. Quels besoins
et quelles réponses ? note que "les changements d’appellation de ce public
témoignent de cette réflexion et de cette représentation mouvantes, liées pour une large part à la question toujours ouverte de la primauté d’un des critères (ces jeunes sont-ils avant tout mineurs, étrangers ou isolés ?)
Qui sont-ils, d'où viennent-ils ?
La plateforme Infomie, indispensable pour ceux qui accompagnent ces jeunes, met en ligne de nombreuses ressources pour répondre à ces questions.
Voici tout d'abord deux typologies proposées par Angelina Etiemble, typologie qui permettent de comprendre différents types de parcours, de causes de départs, et de besoins différents d'accompagnement..
Puis, toujours à partir de la plateforme InfoMIE, vour trouverez une "cartographie des mineurs isolés étrangers". La cartographie
provient d'un rapport (en 2012)de l'Observatoire Méditerranéen de l’Enfance en Situation Précaire. Le rapport débute par un passionnant résumé de l'histoire de l'immigration en France. Ensuite l'histoire récente de l'accueil des
La première typologie d'Angelina Etiemble, en 2002, propose cinq types de parcours :
- Les mineurs exilés
- Les mineurs mandatés
- Les mineurs exploités
- Les mineurs fugueurs
- Les mineurs errants
En 2012 elle reprend cette typologie, qui passe à 7 types et s'affine encore en sous-types. Par exemple un jeune mandaté par sa famille n'est pas dans la même situation s'il est mandaté pour travailler (il va alors rencontrer de multiples obstacles) ou pour étudier (il sera alors beaucoup plus aidé).
Voici les différents types et sous-types :
- Type 1 : Le mineur exilé : une figure plus sociétale que politique
- Type 2 : Les figures du mineur mandaté : le travailleur, l’étudiant, l’initié
- Type 3 : Le mineur-exploité : une figure plus féminine
- Type 4 : Le mineur-fugueur et ses figures : le primo-fugueur, le fugueur-réitérant
- Type 5 : Le mineur-errant et ses figures : le mineur-dans la rue, le mineur-de la rue
- Type 6 : Les figures du mineur-rejoignant : l’envoyé, le confié, le successeur
- Type 7 : Le mineur-aspirant : une figure contemporaine
ces catégories ne visent pas à enfermer les jeunes dans des cases, mais à penser des besoins d'accompagnement différents.
Ainsi certains jeunes peuvent vivre en auto-gestion et vont très bien se débrouiller avec de petits budgets ; nul besoin de les institutionnaliser (et de les infantiliser) ; d'autres ont besoin d'un accompagnement médico-psycho-social intensif.
Pour une partie de ces jeunes l'autonomie peut être atteinte très rapidement ; pour d'autres l’autonomisation correspond à un abandon.
Donc un bon outil au service de l'évaluation des besoins.
Lire "Des typologies pour faire connaissance avec les mineurs isoles étrangers et mieux les accompagner"
Extrait du rapport "une "cartographie des mineurs isolés étrangers"
"Nous observons donc qu’il existe différentes "catégories" de mineurs isolés étrangers
mais nous pouvons tout de même parvenir à identifier des causes communes à ce phénomène.
Que ces mineurs soient des exilés, des mandatés, des exploités, des fugueurs, des errants ou
des rejoignants, il ressort que ces migrations sont des fuites vers l’avant, elles sont une pulsion
de vie qui émerge de la détresse quotidienne de ces jeunes ou leur famille. Effectivement, on
ne migre jamais par hasard. Un exil est motivé et ces jeunes sont prêts à prendre le risque de
traverser des milliers de kilomètres dans des conditions extrêmes pour trouver un
environnement sécure. Ces instabilités économique, géopolitique ou idéologique qui régissent
certains pays constituent les soubassements de ces migrations (qu’elles soient d’ailleurs de
mineurs ou d’adultes).
Le fondement des migrations d’adultes ou d’enfants est donc lié au contexte des
différents pays, il nous faut maintenant comprendre les raisons plus proches temporellement
qui expliquent pourquoi les mineurs ne migrent que depuis une quinzaine d’années en France
alors que les adultes ou les familles le font depuis plus d’un siècle. L’explication de cette
différence peut se retrouver dans les dernières modifications des politiques migratoires.
En
effet, comme nous l’avons vu, la France a signé différentes conventions internationales de
protection de l’enfance et, en 1981, a voté une loi qui empêche les expulsions de mineurs.
C’est cette loi du 27 octobre 1981, associée aux durcissements des politiques migratoires
depuis les années 90, qui a transformé le visage de l’immigration en France, comme en
Europe.
Enfin, les déclencheurs de l’immigration de mineurs, comme celle des adultes, ne
peuvent être généralisés à l’ensemble de cette population. Pour cela, il faut se mettre dans une
démarche clinique et s’intéresser au cas par cas aux évènements de vie de chaque personne
rencontrée. Tout de même, il apparait que le développement des moyens de communication
permet aux enfants ou aux familles de connaitre les régions "attractives". C’est pour ceci que
les mineurs migrants savent précisément dans quel département ils doivent parvenir et parfois
même se présenter directement au tribunal. C’est pour cela que certains départements sont
saturés et d’autres peu concernés par ce phénomène. Une autre explication dans ces
déclencheurs est l’augmentation des réseaux de passeurs, qui, comble de l’aide sociale,
adressent aujourd’hui les migrants directement aux institutions appropriés : terminus du
périple aux portes de la CAFDA ou devant le Service d’Accueil d’Urgence Départemental pour les mineurs, donation (voire même vente parfois) du numéro des urgences sociales : 115,
pour obtenir un hébergement d’urgence…"
Voir aussi les témoignages de jeunes exilés sur le site "démineurs"