André Chauvet. Comment acquérir une identité professionnelle ?
"Du point de vue de André Chauvet, le professionnalisme est soumis aux circonstances, ce qui pose un problème de vulnérabilité, car lorsqu'un individu perd son travail, il perd également son identité professionnelle.
Le problème viendrait du fait qu'il y aurait un lien de plus en plus fort entre la construction de soi et l'identité au travail. Dans ce cas, le travail n'est pas distingué de la construction de soi, pire il en serait même un levier.
Historiquement, à l'époque du Taylorisme l'individu réalisait une tâche pour laquelle il était rémunéré, mais s'épanouissait dans d'autres activités externes à son travail. Dans ce cadre le travailleur était interchangeable. À partir des années 70, la contribution de l'individu pour son entreprise s'amplifie grâce à la mise au jour de la dimension humaine. Le travailleur va donc être encouragé à prendre des initiatives, à être autonome. Dans ce contexte, l'individu n'est plus interchangeable, il porte en lui une valeur ajoutée qui lui est propre. Il développe des compétences pour lesquelles il est performant et qui définissent son identité professionnelle au service d'une organisation. De nos jours, le travailleur est à nouveau considéré comme interchangeable. La ressource "travail" se raréfie, alors que l'exigence d'efficacité économique s'amplifie. C'est pourquoi, les organisations se préoccuperaient beaucoup moins de l'épanouissement de l'individu dans une situation de travail.
"On revient à de l'efficacité, à de la productivité, indépendamment des contributions de la personne" précise André Chauvet.
L'individu se trouve donc avec deux problèmes majeurs :
Il n'a plus d'identité professionnelle, car il n'a pas de travail.
Et, lorsqu'il a un travail, il doit négocier son identité professionnelle, car il n'est pas reconnu à la hauteur de ce qu'il réalise.
Concernant l'accompagnateur, André Chauvet rappelle que son identité professionnelle est liée à des prestations, et non à un métier. De plus, il n'existe pas de collectif, les accompagnateurs sont des professionnels mis en concurrence. Par conséquent, élaborer un référentiel commun pour le métier d'accompagnateur serait un moyen de faire exister ce métier.
Cela permettrait de "développer des principes d'interventions partagés, une éthique, des méthodologies adéquates [...] ce qui serait de l'ordre d'un référentiel de l'activité de travail." André Chauvet.