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Bidonvilles, sortir, s'en sortir

L'association Trajectoires, squats et bidonvilles, présente un rapport, "“Du bidonville à la ville : vers la “vie “normale”? portant sur les parcours d'insertion de personnes migrantes ayant vécu en bidonville en France.
"En France, entre 15 000 et 20 000 personnes vivent en campements illicites et bidonvilles. Elles sont pour la plupart migrants intra-européens originaires de pays membres de l’Union européenne qu’ils ont quittés pour des raisons principalement économiques. Ces formes d’habitats particulièrement indignes et souvent dangereuses, installées sans droit ni titre sur des espaces publics ou privés, soulèvent des questions liées à l’ordre public, à la sécurité des personnes et à l’accès aux droits fondamentaux. Mais elles posent aussi fondamentalement la question de l’insertion, en France ou dans leur pays d’origine, des personnes qui y vivent. C’est en apportant des réponses à cette question que nous pourrons atteindre, sur le long terme, l’objectif de résorption de ces campements et bidonvilles."
"Elle ouvre des pistes de réflexion à la fois sur la diversité des parcours et sur l’importance de certains éléments déterminants comme l’emploi, la scolarisation ou l’apprentissage de la langue."

Dans ce rapport, une catégorisation des parcours est proposée :

  • Type 1 : Les “protégés”
  • Type 2 : Les “sélectionnés”
  • Type 3 : Les “autonomes”
  • Type 4 : Les “communautaires”
TYPE 1 : LES “PROTÉGÉS”
CARACTÉRISTIQUES PRINCIPALES
Ce type concerne des individus ou des familles qui ont noué une relation très forte avec un membre d’une association (six situations), un membre d’un collectif (2), un particulier (2) ou quelqu’un travaillant pour une collectivité locale (1). Cette personne que nous appellerons le “protecteur” a souvent apporté dans un premier temps un soutien matériel (nourriture, vêtements, hébergements occasionnels ou encore matériel de puériculture) et moral (échange des numéros de téléphone, présence régulière). Le protecteur s’est ensuite investi personnellement tout au long du parcours d’insertion de la famille pour permettre l’accès à la santé, à la scolarisation et surtout au travail et au logement. Pour ce faire, il a accompagné la famille dans la plupart de ses démarches administratives, contacté les différents organismes ou associations et fait jouer ses contacts personnels et professionnels pour dépasser les points de blocage lors du parcours d’insertion.

TYPE 2 : LES “SÉLECTIONNÉS”
CARACTÉRISTIQUES PRINCIPALES
Ce type correspond aux individus ou aux familles qui ont été sélectionnés dans un projet dédié (village d’insertion, accompagnement vers le logement en diffus….), prenant souvent la forme d’une Maîtrise d'œuvre Urbaine et Sociale (MOUS). Malgré la présence de critères officiels de sélection dans la plupart de ces projets, les entretiens mettent en évidence d’autres modes d’admission (relogement suite à un incendie, violences conjugales, insistance d’un collectif, etc.).

TYPE 3 : LES “AUTONOMES”
CARACTÉRISTIQUES PRINCIPALES
Ce type correspond aux individus ou aux familles qui ont pu s’insérer grâce à leur connaissance des dispositifs de droit commun. Il s’agit, par définition, du mode d’insertion classique d’un point de vue théorique. L’analyse des “autonomes” est instructive car elle aide à comprendre les stratégies concrètes mises en place en dehors de dispositifs ad-hoc ou de la présence d’un protecteur.

TYPE 4 : LES “COMMUNAUTAIRES”
CARACTÉRISTIQUES PRINCIPALES
Il s’agit de personnes qui passent exclusivement par des proches issus des mêmes localités d’origine (voisins, familles) pour trouver un travail, un logement, avec une nécessité de réciprocité et de respect d’un certain nombre de valeurs internes à la communauté d’appartenance. Concrètement, cela consiste à s’assurer, lorsqu’on change de travail ou qu’on libère un logement, de pouvoir en faire profiter un autre membre de la communauté. A charge pour ce dernier de maintenir la réputation de confiance et de qualité créée par les membres de la communauté vis-à-vis de l’extérieur. Ce fonctionnement se retrouve parmi la plupart des communautés migrantes dont la présence est relativement ancienne (deux générations ou plus). Il repose sur des liens familiaux et/ou l’appartenance à un même village. Parmi les personnes interrogées pour l’étude, ce fonctionnement concerne essentiellement des groupes roumains non roms provenant du pays d’Oas, du Maramures ainsi que la minorité turcophone bulgare. Les entretiens auprès des “communautaires” ont nécessité une approche spécifique. Les entretiens individuels se sont révélés inappropriés, les personnes se montrant extrêmement fermées à toute discussion. Le fonctionnement de type communautaire implique des rapports interdépendants, personne n’a donc souhaité donner l’impression de révéler certaines informations qui pourraient mettre en difficulté la communauté (travail au noir, petits trafics entre les pays, etc.). Pour contourner cet obstacle, les discussions de groupe (type focus group) se sont avérées plus adaptées".

Le rapport présente ensuite une description détaillée de chaque type; Le schéma ci-dessous présente des difficultés spécifiques à prendre en compte dans l'accompagnement.

Pour en savoir plus, voir le site web : www.trajectoires-asso.fr/_admin/uploads/file/bidonvilles-2.pdf

Date de cet article : 2020-01-25


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