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Le social, base de la santé, la charte d’Ottawa

Adoptée en 1986 avec pour objectif l’année 2000 et au-delà, la Charte d’Ottawa est un modèle de santé publique qui a été une révolution conceptuelle, car elle définit les déterminants sociaux en tant que base du sanitaire.
Pour Eric Breton (2016),"Les travaux qui ont donné lieu à la Charte d’Ottawa entraient dans la continuité des avancées portées par la déclaration d’Alma Ata. Notamment pour ce qui est de replacer la question de la santé des populations non pas comme une affaire médicale mais plutôt comme une question de conditions de vie".
Eric Breton rappelle le contexte précédant la conception de la charte : "Les écrits de McKeown ou Illich font alors débat et offrent une vision très critique de la contribution des systèmes de soins à l’amélioration de la santé des populations. Par ailleurs, plusieurs professionnels, qu’il convient de qualifier d’éducateurs à la santé, vont commencer à douter de l’efficacité et du caractère éthique de leurs interventions sur les individus se situant au bas de l’échelle sociale ; [...) en s’intéressant uniquement aux facteurs intra-individuels des comportements de santé (les connaissances, attitudes, compétences), on tend à attribuer implicitement à ceux qui sont déjà désavantagés en termes de ressources et d’opportunité, la responsabilité exclusive de leurs choix, de leurs comportements et en conséquence de leurs échecs."
En conséquence, "Développer des solutions d’accès aux soins pour les pauvres est nécessaire, mais non suffisant si, simultanément, des mesures sociales et économiques volontaristes de lutte contre la pauvreté ne sont pas prises. S’occuper de la santé des chômeurs est bien, mais ne saurait dispenser de mesures structurelles de création d’emplois. Dépister le saturnisme infantile peut être justifié, mais ne peut éviter de promouvoir une politique de logement des familles démunies. Les exemples pourraient être multipliés. Il faut que les responsables politiques soient conscients des implications sanitaires de leurs décisions et de leurs non-décisions"(Jean-Pierre Deschamps 2003).
Dans les conceptions traditionnelles, la santé est l'affaire des professionnels de santé. Là, elle est au cœur des politiques de l'emploi, de l'urbanisme, de l'éducation...
La visée est donc extrêmement large et porteuse d'un modèle démocratique socio-écologique : "il s’agit bien de faire en sorte que l’environnement physique et plus encore social, « supporte », soutienne, les personnes et les communautés dans leurs efforts de promotion, de changement, de bien-être. Il invite à « veiller les uns sur les autres ». « La promotion de la santé engendre des conditions de vie et de travail sûres, stimulantes, plaisantes et agréables ». (Jean-Pierre Deschamps 2003).

"PROMOTION DE LA SANTE
La promotion de la santé a pour but de donner aux individus davantage de maîtrise de leur propre santé et davantage de moyens de l'améliorer. Pour parvenir à un état de complet bien-être physique, mental et social, l'individu, ou le groupe, doit pouvoir identifier et réaliser ses ambitions, satisfaire ses besoins et évoluer avec son milieu ou s'y adapter. La santé est donc perçue comme une ressource de la vie quotidienne, et non comme le but de la vie ; c'est un concept positif mettant l'accent sur les ressources sociales et personnelles, et sur les capacités physiques. La promotion de la santé ne relève donc pas seulement du secteur de la santé : elle ne se borne pas seulement à préconiser l'adoption de modes de vie qui favorisent la bonne santé ; son ambition est le bien-être complet de l'individu."

« LES CONDITIONS INDISPENSABLES A LA SANTE
La santé exige un certain nombre de conditions et de ressources préalables, l'individu devant pouvoir notamment :

  • se loger,
  • accéder à l'éducation, ·
  • se nourrir convenablement, ·
  • disposer d'un certain revenu,
  • bénéficier d'un éco-système stable,
  • compter sur un apport durable de ressources,
  • avoir droit à la justice sociale et à un traitement équitable. »
La santé ne relève donc pas des seuls professionnels de la santé : « Le secteur de la santé ne peut, à lui seul, assurer le cadre préalable et futur le plus propice à la santé. La promotion de la santé exige, en fait, l'action coordonnée de tous les intéressés : gouvernements, secteur de la santé et autres secteurs sociaux et économiques, organisations non gouvernementales et bénévoles, autorités locales, industries et médias. »

Une approche socio-écologique
« Les liens qui unissent de façon inextricable les individus à leur milieu constituent la base d'une approche socio-écologique à l'égard de la santé. Le grand principe directeur, pour le monde entier, comme pour les régions, les nations et les communautés, est la nécessité d'une prise de conscience des tâches qui nous incombent tous, les uns envers les autres et vis-à-vis de notre communauté et de notre milieu naturel. Il faut appeler l'attention sur le fait que la conservation des ressources naturelles, où qu'elles soient, doit être considérée comme une responsabilité mondiale. »

Dans cette approche, la promotion de la santé est centrée sur le contexte, les conditions de vie : « La santé est engendrée et vécue dans les divers contextes de la vie quotidienne, là où l'individu s'instruit, travaille, se délasse ou se laisse aller à manifester ses sentiments. Elle résulte du soin que l'on prend de soi-même et d'autrui et de la capacité à prendre des décisions et à maîtriser ses conditions de vie.

Cela suppose des politiques publiques d’évaluation de l’environnement. « L'évaluation systématique des effets sur la santé d'un environnement en évolution rapide notamment dans les domaines de la technologie, du travail, de l'énergie et de l'urbanisation -est indispensable et doit être suivie d'une action garantissant le caractère positif de ces effets sur la santé du public. La protection des milieux naturels et des espaces construits, ainsi que la conservation des ressources naturelles, doivent être prises en compte dans toute stratégie de promotion de la santé. »

L’éducation à la santé ne consiste pas seulement à apprendre à mener une vie saine mais consiste également à apprendre à se battre contre les maladies et traumatismes :« Il est crucial de permettre aux gens d'apprendre à faire face à tous les stades de leur vie et à se préparer à affronter les traumatismes et les maladies chroniques. Ce travail doit être facilité dans le cadre scolaire, familial, professionnel et communautaire ».

Pour en savoir plus, voir le site web : www.euro.who.int/__data/assets/pdf_file/0003/129675/Ottawa_Charter_F.pdf

Date de cet article : 2020-08-11


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