Dans ce documentaire de Thomas Lacoste, Robert Castel présente l'évolution du monde du travail et le développement du précariat, qui touche particulièrement les femmes et les jeunes.
Robert Castel définit le Social avant tout comme une régulation de l’économique, nécessaire pour contrecarrer les effets destructeurs du marché laissé à lui-même.
Cela le conduit à distinguer le Social sans l'Etat, et le Social contrôlé et mis en scène par l’Etat.
L’exemple d’un Social sans l’Etat est donné avec la question de l’assurance et de la retraite : est-ce aux individus de s’assurer pour se garantir une retraite ? Il y a eu de longs débats en France à ce sujet avant la mise en place des retraites ouvrières et paysannes et 1910. Pour les libéraux, l’Etat n’avait pas à s’occuper de ce qui relevait de la responsabilité individuelle (la prévoyance).
Les assurances sociales mises en place par l’état (retraites, assurance maladie, congés maternité...) et le droit du travail sont devenus le noyau fort du social (Polyani).
Robert Castel distingue ensuite la vulnérabilité d’avant la protection sociale de celle d’après, et montre qu’actuellement elle est essentiellement liée à la dégradation des conditions de travail avec l’institutionnalisation de formes de travail en-deçà de l’emploi.
Apparaît alors un phénomène ancien dans le monde anglo-saxon, les working poors, les travailleurs pauvres.
Tout le monde ne reste pas dans la précarité mais la précarité devient un état permanent pour beaucoup. D'où le terme de "précariat" pour caractériser la permanence de ce qui était jusque là transitoire. La figure du travailleur pauvre est l'expression du retour de l'insécurité
sociale. Il s'agit souvent de femmes travaillant à temps partiel. Le travail reste une référence essentielle mais il apporte moins de sécurité.
La question raciale s'inscrit dans la question sociale : des taux de chômage qui sont plus du double, conditions de logements sociaux... Ce qui dramatise cette situation, c'est, pour Robert Castel, la discrimination négative : le nom de telle origine, l'adresse, les rapports avec la police
(délits de faciès); un déni de citoyenneté créée un fort sentiment d'injustice. Des jeunes français d'origine immigrée, vivent des discriminations sur une base ethnique.
A partir de ce qu’explique Robert Castel, l’exemple nord-américain peut être donné. Alors que les USA sont le pays qui dépense le plus au monde pour la santé (17% du PIB contre 11% en France), environ 40 millions d’américains n’ont pas d’assurance santé (15% de la population), donc un accès très difficile aux soins, et renoncent à des soins essentiels. Les politiques mises en place par Obama pour résoudre ce problème rencontrent de très fortes résistances.
Deux américains sur trois sont assurés via leur emploi. Quand ils perdent leur emploi ils perdent également leur assurance santé. Les effets sont terribles quand il y a une grande crise, comme celle de 2008.
Galvis-Narinos et Montélimard décrivent " la faiblesse d’un système fonctionnant sur la base d’assurances privées liées à l’emploi, non obligatoires pour l’employeur : les cotisations ne sont pas, comme en France par exemple, proportionnelles aux salaires. La hausse des primes d’assurance entraîne donc une augmentation du nombre de travailleurs non assurés et un désengagement des employeurs vis-à-vis de l’assurance santé"
( Voir : Le système de santé des États-Unis).